PROGRÈS AGRICOLES. 77
dans les États-Unis, à ces deux grandes et merveilleuses cultures industrielles, celle de la betterave à sucre et de la vigne.
Comme nous l’avons vu plus haut, l’Amérique du Nord est encore un des grands pays importateurs de sucre et de vins; frappés des immenses ressources que retirent la France et l’Allemagne de ces deux productions, les cultivateurs des États-Unis se sont demandé s’ils ne pourraient pas nous imiter. Ils ont en conséquence acclimaté la betterave à sucre chez eux. Les essais ont réussi dans l’Illinois, dans l’Ohio et sur les bords du Sacramento. Des sucreries ont été fondées: les tentatives faites jusqu’à ce jour n’ont été heureuses ni dans le Centre, ni en Californie, par suite du haut prix de la main- d’œuvre; or, la betterave en demande beaucoup, ce qui fait que la racine y coûte cher à produire; d’autre part, l’outillage a laissé à désirer ; enfin la direction des services de la sucrerie était partout défectueuse. Les établissements ont fait de mauvaises affaires ; mais l’idée existe. Avec le caractère entreprenant des Américains du Nord, il est hors de doute que la fabrication du sucre de betterave n’arrive à s’implanter dans cette contrée et que celle-ci, après être arrivée à suffire à sa propre consommation, ne devienne à son tour un pays d’exportation de sucre.
Pour la production du vin, qui n’intéresse pas moins notre agriculture, les premières tentatives ont été couronnées de succès. Les coteaux de la Californie offrent surtout des conditions excellentes pour la culture de la vigne. On y produit déjà des vins de table assez bons, des vins blancs qui imitent ceux du Rhin ; on y fabrique du champagne qui est estimé par les Américains. Grâce aux énormes droits qui frappent nos produits à leur entrée sur le territoire de l’Union, les vignerons californiens trouvent des débouchés avantageux et faciles pour leurs vins. Aussi les plus grands efforts sont-ils faits pour la création d’un vaste vignoble en Californie : sociétés d’agriculture, gouvernement, particuliers, tout le monde est à la poursuite de ce but. Avant peu d’années, on peut prédire que la production en vin de cette contrée sera considérable.
La viticulture française a-t-elle lieu de redouter la concurrence des planteurs d’au delà des Rocheuses? Nous ne le pensons pas.