130 LA GRANDE-BRETAGNE ET LES COLONIES ANGLAISES, se confondre toutefois en plaintes stériles, cherchent avec énergie un remède à ces difficultés; ils se soumettront à la hausse des salaires et continueront d’autre part à améliorer leur outillage et la condition de leurs ouvriers.
La production du sol ne s’est pas développée dans le Royaune-Uni de la même façon que dans l’Amérique septentrionale. Le sol n’abonde pas en Angleterre, presque tout ce qui est exploitable a été mis en valeur : les forêts qui occupaient les terrains de qualité passable sont déjà tombées sous les coups de la coignée pour faire place à la prairie et aux céréales ; les rochers de l’Écosse, du Cumberland et du pays de Galles ont eux-même été disputés à l’inculte et ont leurs flancs et leurs sommets, partout où la main de l’homme a trouvé une poignée de terre, garnis d’un manteau vert soit de bois, soit de pâture. Les Bogs de l’Irlande ont eux-mêmes en partie disparu; l’extension des cultures devient dès lors de plus en plus difficile et coûteuse; on ne l’obtient qu’au prix de grands efforts et de lourds sacrifices, car il n’y a plus à défricher que les mauvaises terres et les sols les plus rebelles. Cependant, comme les besoins de plus en plus pressants de la consommation et la hausse croissante de la valeur du terrain ne permettent plus de négliger une parcelle, ni de laisser improductif un seul coin de terre, les mises en valeur présentent toujours une certaine activité : de 1866 à 1873, il y a eu 1,088,500 hectares de terrains incultes ajoutés au sol cultivé du Royaume-Uni : ce chiffre correspond à un accroissement moyen de 0,75 p. 100 de la surface exploitée par l’agriculture : ce sont les pays de montagne, au climat âpre et rude, qui ont fait le plus de défrichements; l’Écosse et le pays de Galles ont augmenté de la sorte leurs terres et leurs pâturages de 10 à 11 p. 100 pendant les huit dernières années : mais en Irlande, durant la même période de temps, le gain a été beaucoup moins important, il a été de 1 p. 100 seulement.
Une autre amélioration notable à signaler dans l’agriculture anglaise est la réduction de moitié de la surface abandonnée à la jachère chaque année; on ne la trouve plus que sur 1 et demi p. 100 du territoire occupé par les terres arables, les prés et les pâturages.