PRODUCTION DU SOL. 131
Dans un pays à culture avancée comme l’Angleterre, il faut éviter toutefois de comparer seulement deux années consécutives, car la saison exerce une influence considérable sur le plus ou moins d’étendue de la jachère : quand une humidité excessive ne permet pas aux cultivateurs de préparer leurs terres, de les ensemencer dans des conditions convenables, force est bien de les laisser sans emblaves. C’est ce qui est arrivé dans les deux années, 1872 et 1873, principalement dans les districts à sol compacte. L'existence d’une étendue plus grande de jachère en 1873 par rapport à 1872 n’indique pas un arrêt dans le progrès, elle est la preuve que la préparation des terres a été très-contrariée par le mauvais temps. Pour trouver la vérité, il faut examiner une période de temps suffisamment longue, afin d’en dégager nettement les faits; c’est ce que rend facile la comparaison des surfaces consacrées à la jachère dans le Royaume- Uni de 1866 à 1873.
En 1866,
il y avait 405,000 hectares en jachère.
En 1867
— 385,500 —
En 1869
— 307,500 —
En 1870
— 254,500 —
En 1871
— 228,600 —
En 1872
— 269,500 —
En 1873
— 293,000 —
D’après ces chiffres, le décroissement est manifeste ; on peut, sans crainte de tomber dans l’exagération, l’évaluer à 123,000 hectares : c J est en Angleterre que la jachère est encore la plus étendue; elle y occupe 2,3 p. 100 de la surface cultivée, ce qui s’explique par la prédominance, dans une grande partie de cette contrée, des sols argileux très-difficiles à cultiver.
En Ecosse, où les terrains granitiques abondent, la jachère n’occupe plus que 0,5 p. 100 du territoire cultivé. En Irlande et dans les îles de la Manche, il n’y en a pour ainsi dire plus du tout, ce sont les trèfles, le ray-grass et les prairies artificielles, qui ont profité de la réduction. Ils ont même empiété sur les autres cultures, puisqu’ils ont gagné 370,000 hectares en dix ans : la surface consa-