PRODUCTION DU SOL. 133

culture difficile. Peur les terrains légers, ils ont encore cherché la plante capable, avec leur climat, dutiliser au maximum les forces naturelles et les matériaux de latmosphère et du sol; ils ont Irouvé le turneps. Us ont enfin adopté la culture des trèfles, du ray-grass et des vesces : ils nont pas été plus loin ; mais quelle persévérance et quels efforts pour amener les végétaux à un grand degré de per­fection. Nous navons pas à revenir sur ce que nous en avons dit plus haut.

Comme conséquence, le système agricole des Anglais est très- simple; cest incontestablement celui qui exige le moins de science et de savoir faire; on ne trouve dans les fermes britanniques, à peu dexceptions près, ni féculerie, ni distillerie, ni huilerie, ni aucune autrç industrie annexe. Le lin et le houblon sont pour ainsi dire les seules plantes industrielles quon y rencontre, et encore ces deux végétaux sont-ils peu répandus, puisquils occupent à peine 100,000 hectares (l) : la betterave à sucre, quon a essayé dintro­duire en Angleterre, ne saccommode pas aussi bien que le turneps de lhumidité de son climat et de ses brumes épaisses, aussi sa cul­ture recule-l-elle au lieu de progresser. La ferme anglaise est en réalité une manufacture de fourrages.

Ce ne sont pas toutefois les conditions naturelles qui seules ont déterminé les cultivateurs du Royaume-Uni à se spécialiser pour ce genre de production; ce nest pas non plus par esprit de sys­tème (2). Dautres circonstances ont influé sur leur détermination, cest, dune part, la rareté croissante des bras et la cherté de la main-dœuvre, qui rendent la culture arable de plus en plus difficile et de lautre, le renchérissement de la viande, du lait et du beurre. Depuis le commencement de ce siècle, la valeur de la viande a aug­menté de 80 p. 100 en Angleterre, celle du beurre et du lait, de 100 p. 100; les salaires, dautre part, ont haussé de 50 p. 100; le loyer des terres et des maisons de 100 p. 100, tandis que le prix moyen du blé est resté à peu près stationnaire depuis 1770 ; sil a haussé,

(1) 65,000 hectares pour le lin et 28,000 hectares pour le houblon.

(2) Voir les Études sur lÉconomie rurale de lAlsace par MM. Lefébure et Tis­serand, 1868.