ACCROISSEMENT DU BÉTAIL. 141
Pour l’agriculteur du Royaume-Uni, le cheval de travail est un moteur qui dépense continuellement, qui coûte beaucoup à entretenir et qui, arrivé à l’âge adulte, va toujours en se détériorant ; or, son intérêt, de même que celui de l’industriel, est de dépenser le moins de force possible ou mieux de tirer le maximum d’effet utile de ses moteurs, de façon à grever le moins ses frais de production. Pour cela il doit faire, avec le minimum d’animaux de trait, les travaux qu’exige son exploitation, puisqu’en avoir plus ce serait imiter l’industriel qui, pouvant faire face à tous les besoins de sa production avec une machine de cinquante chevaux-vapeur, en aurait une de soixante. De môme encore le cultivateur anglais a recherché la machine animale la mieux organisée pour produire la force à bon marché, comme l’industriel cherche la locomobile qui, pour fournir le travail effectif d’un cheval, consomme le moins de charbon possible; de là le perfectionnement du cheval de la culture auquel se sont attachés les éleveurs anglais : de là encore l’amélioration de tout l’outillage, de façon à réduire la résistance et le frottement, l’introduction de la vapeur pour les défoncements et le battage, la propagation des bonnes charrues et la multiplication des bisocs dans les fermes. Tous ces efforts réunis ont permis à l’agriculteur anglais de faire, avec moins de bêtes de trait que nous ne le faisons, les opérations de la culture, tout en obtenant plus de poulains, et de réaliser par suite une économie importante, puisqu’un cheval de travail en moins représente dans une ferme une épargne de 1,000 fr. par an en moyenne.
En agriculture, le gaspillage des forces, l’excès du nombre des animaux de travail en sus du strict nécessaire a de bien plus graves conséquences que dans les autres branches de l’industrie humaine. Dans une manufacture, avec une machine d’un rendement utile inférieur, qui consomme 3 ou 4 kil. de charbon par cheval et par heure au lieu de 2 kil. et demi ou qui fournit une force en excédant sur ce qu’il faut pour le même effet utile avec une bonne organisation, la perte se traduit par la consommation d’un certain nombre de tonnes de charbon; mais en agriculture pour un cheval qui ne produit pas de poulain et dont le travail s’emploie sans utilité réelle,