ACCROISSEMENT DE BÉTAIL. 153

introduits dEspagne par des Hollandais. De part et dautre, lim- portalion devint la souche de nombreux troupeaux à laine fine, et la source dune grande prospérité ; mais limportance des résultats a été bien différente dans les deux pays. La France compte actuelle­ment 7 millions de mérinos ou métis mérinos, lAustralie en a (1873) 51,650,000, et livre à lexportation 182,700,000 livres de laine dune valeur de 450 millions de francs : depuis 1867 ses trou­peaux ont augmenté à raison de 1 million de têtes par an !... Et cependant lélevage ny rencontre pas toujours des conditions favo­rables. Les difficultés de lentretien des troupeaux sont souvent très- considérables par suite de la sécheresse qui tarit rivières, sources et puits dans tout le pays ; quand ce malheur arrive, les pro­priétaires sont obligés dabattre à la hâte leurs troupeaux. La peau de chaque mouton est enlevée, les carcasses sont jetées dans dim­menses chaudières pour en extraire le suif. Dans les provinces méridionales, dans la Tasmanie et lAustralie du Sud principale­ment, cest par millions quon compte souvent, en une seule année, les animaux dont il faut se défaire hâtivement pour ne pas les voir mourir de soif; mais le colon ne se rebute pas, après de tels désas­tres, il recommence à nouveau son œuvre, reconstitue ses troupeaux et ne recule devant aucun sacrifice pour amener de leau dans ses parcours ou Run. Il a pour stimulant la perspective de profits tou­jours considérables que lui donnent les bonnes années. On sest beaucoup exagéré linfluence du développement des troupeaux aus­traliens sur le prix des laines en Europe, on a cru que les laines de lAustralie et de la Plata pourraient faire fléchir indéfiniment le prix des laines européennes et les faire tomber à 1 franc et même au-des­sous. La grande baisse de 1865 à 1868, qui avait causé une véritable panique chez tous les éleveurs, a été due à lencombrement des mar­chés et non à une autre cause. La marchandise a subi leffet de la loi de loffre et de la demande : lerreur a été de croire à la perma­nence de ce qui était accidentel et momentané. En 1867, on a pu aisément démontrer que les craintes provoquées étaient chimé­riques et que les éleveurs australiens étaient plus frappés que les cultivateurs européens par la baisse énorme de nos marchés : les