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d’hectolitres; en 1868, année exceptionnellement favorable, elle a été de 30 millions. Mais les vicissitudes sont grandes : en 1871, on n’allait qu’à moitié, et il n’y a pas lieu de s’étonner de tels écarts, conséquence naturelle du système extensif qui règne en Hongrie avec ses labours superficiels et son absence de fumure.
Les principaux centres de production pour celte céréale comprennent les terres riches et profondes de la vallée du Danube, aux environs de Raab et de Pesth, le Banat et les plaines fertiles de la Transylvanie et des Contins militaires.
La population étant très-peu dense (15 millions d’habitants sur plus du double d’hectares) et se nourrissant principalement de maïs et de seigle, le blé reste disponible pour couvrir le déficit des récoltes de l'Europe occidentale après les mauvaises saisons. Partie de ce blé se rend à Pesth pour alimenter les immenses moulins de cette ville, ou, remontant le fleuve jusqu’à Vienne par grands trains que remorquent des bateaux à vapeur, gagne au moyen du chemin de fer le lac de Constance et, de proche en proche, la Suisse et la France; l’autre partie, celle qui provient surtout de la vallée inférieure du Danube, descend le fleuve jusqu’à Galatz ou Braïla, où elle est embarquée pour Marseille. Le prix du transport de Pesth à Vienne est de 1 fr. 5 cent, les 100 kilogrammes; avec une chaîne de touage, on a calculé qu’il pourrait tomber à 40 centimes. Quant à la voie maritime, à Braïla et à Galatz le fret est de 4 francs la charge de 125 kilogrammes. En comptant le chargement, le déchargement, le courtage, l’assurance, la commission (6 p. 100 de la valeur), puis le bénéfice du commerce, on arrive à une dépense qui oscille entre 6 et 8 francs pour le grain rendu en France. Il existe toujours un écart de cette somme entre le prix du blé à Marseille et celui des bouches du Danube; de telle sorte que c’est le cours du marché français qui fixe le cours de Braïla, de Galatz et, par conséquent, de tous les ports du Danube.
Aux débuts de Père de la liberté pour le commerce des grains, on craignait que les blés hongrois achetés à vil prix ne vinssent faire irruption sur le marché français et n’avilissent par contrecoup la valeur de celte denrée au point de ruiner nos cultivateurs.