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DEUXIÈME GROUPE.
Société «l’Agriculture «l’Alger.
Haricots à œil noir; pois pointus.
Sounac (Bernard), à Tafaraoui (dép 4 d’Oran). Fèves, 1872.
FRUITS SECS ET CONSERVÉS
Moïse disait avec raison que la vie d’un homme tenait à l’existence de chaque arbre fruitier (Deutéronome, xx, 19), mais les services que rendent ces utiles végétaux ne sont nulle part plus frappants que dans les pays chauds : leur présence seule est une protection contre l’ardeur solaire en même temps qu’ils diminuent la température par leur évaporation, tandis que leurs produits dont la dessication rendue facile assure la conservation, fournissent une alimentation abondante pour une somme de travail bien inférieure à celle qu’exigent les plantes de culture.
Le dattier {Phœnix dactylifera , en arabe Nakhla, le fruit frais Tmeur, séché B’la) est la plante sociale de la région Saharienne, qui constitue à elle seule la vie des oasis. Ses fruits forment la nourriture principale des habitants, et avec leur excédant de production ils se procurent par échange des grains et des tissus. Son bois, ses feuilles, les fibres réticulaires du tronc, servent aux constructions, aux ouvrages de vannerie, de cor- derie ; l’arbre saigné au moment de la sève donne une boisson sucrée, le Laghmi, qu’on distille ou qu’on laisse tourner en vinaigre.
Il y a plus, l’existence de l’oasis tient elle-même à celle du dattier, dont la végétation est la condition de vie pour tous les êtres qu’elle groupe dans son enceinte, et il laisse filtrer à travers ses riches palmes d’un vert sombre assez de lumière pour permettre de cultiver à son pied quelques légumes et un peu de grain. Il défie les violences du vent embrasé qui souffle du Désert, et la tête plongée dans le feu il prospère, pourvu que ses racines soient constamment rafraîchies par une irrigation abondante. Yoilà le secret de la merveilleuse fécondité du dattier et de sa constance de production, qu’expliquent également, et la lenteur de son développement, et la division des sexes qu’il présente, comme si toutes les énergies fonctionnelles de cette ardente nature s’unissaient dans un seul but, de réaliser la production la plus grande et la moins exposée à l’instabilité des saisons. L’utilisation la mieux remplie des forces naturelles se rapproche ici de la stérilité complète, comme un encouragement permanent accordé à l’homme, dans la mission civilisatrice qu’il poursuit sur ce sol d’airain, si profondément déshérité en apparence. Quiconque est entré un peu avant dans ces harmonies du désert, s’explique l’enthousiasme poétique de l’Arabe pour le palmier, et les regrets mélancoliques du roi Abderrahman I er qui chantait les beaux dattiers de Damas, témoins de son enfance, et qui élevait pieusement un de ces beaux arbres dans son