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DEUXIEME GROUPE.
Yalladcau, à Boufarick (dép 1 d’Alger). * Pavot somnifère.
SECTION B.
TABAC CAU.
La culture et la manipulation des tabacs jouissent en Algérie d’une liberté complète. Chacun peut produire, fabriquer, livrer, exporter à sa guise. L’Etat n’intervient que par les achats que font aux producteurs les représentants de la Régie.
La production du tabac existait autrefois chez les indigènes, pour laquelle quelques tribus avaient acquis un grand renom, comme par exemple, dans la Metidja, les Krachena et les Ouled Chebel, qui ont donné leur nom à des qualités aujourd’hui très-estimées (le krachena et le che- bli). Ce n’est qu’en 1844 qu’on songea à introduire la culture du tabac parmi les colons. Elle y fit de rapides progrès, car dix ans plus tard elle occupait une étendue de 2,818 hectares, et en 1860, de 6,697 hectares.
Les résultats avantageux qu’elle procurait aux colons furent la caus£ de la faveur qu’elle obtint, mais ils n’engagèrent pas le plus grand nombre à perfectionner leur pratique, pour maintenir la qualité de leurs produits, et pour réparer l’épuisement si marqué avec une plante aussi avide. Les plaintes de l’administration centrale, qui manipulait les tabacs algériens, amenèrent des mesures d’exclusion très-sévères à l’égard des feuilles inférieures qu’on présentait aux achats de la Régie.
Il s’en suivit une crise qui aurait pu compromettre l’avenir de la culture du tabac en Algérie, si elle n’eut été réellement viable. Elle a eu l’avantage de modifier à temps les tendances mauvaises qui plus tard eussent été plus fâcheuses, et de forcer les colons à améliorer leurs procédés culturaux, à produire davantage d’engrais indispensables pour avoir des tabacs combustibles, à se montrer plus réservés d’arrosages, et enfin à donner la préférence à la culture des variétés à feuilles fines, dont le besoin pour la fabrication française s’est accru considérablement depuis la perte de l’Alsace.
La culture du tabac comme celle de toutes les plantes industrielles, comporte un certain progrès de l’agriculture, et elle se lie surtout intimement à la petite culture. Partout où elle fournit des produits estimés, ce n’est qu’à la condition d’être entourée de soins intelligents et constants. La qualité exceptionnelle du tabac de la Havane ne résulte pas seulement de l’appropriation particulière du climat de l’île de Cuba et du sol de la Vuelta de Abajo, mais encore de ce que sa production est entre les mains de colons européens (los vegueros), et non d’esclaves, qui consa-