DEUXIÈME GROUPE.

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crent un art admirable à favoriser les qualités exceptionnelles de la plante quils exploitent. On ne saurait trop dire au planteur algérien que rien ne diffère davantage dune feuille de tabac quune autre feuille de tabac ; aussi,de même que pour la vigne, cette culture demande une étude ap­profondie, la science et la pratique se donnent la main pour indiquer le but. LAlgérie doit arriver à produire des tabacs se recommandant par leurs qualités spéciales. Elle possède déjà le chebli et dautres variétés moins caractérisées, dont la réputation est déjà bien établie. Il nest pas douteux quà côté de celles-ci on ne finisse par trouver une variété plus productive quoique fine, et surtout combustible, qui conviendrait mieux à la culture européenne, lorsquelle dispose à la fois de terres convena­bles, de beaucoup dengAis et de bras entendus.

Il est permis davancer que le colon 'algérien est aujourdhui en voie de progrès sérieux dans la culture du tabac. Ladministration se plaît à constater, dans ses derniers rapports, une amélioration évidente dans la plantation, la récolte et la préparation. Les feuilles ont atteint leur com­plète maturité et ont acquis de la souplesse et de lonctuosité, leur cou­leur est ava#tageuse, et elles exhalent enfin un arôme qui atteste leur bonne qualité. Ainsi peu à peu, à mesure du développement de la colo­nisation, la culture du tabac semparera des alluvions à sol "léger des vallées qui sont préférables pour les tabacs fins, et lon éliminera la pro­duction des tabacs épais, résineux, à odeur mielleuse et brûlant toujours mal, qui est le propre des plaines aux terres fortes et irriguées.

La régie a acheté en 1872, dans ses quatre magasins dAlger, Blidah, Bône et Philippeville, 3,046,399 kilogr. de tabac, comprenant 1,514,970 kilogr. pour les livraisons des colons européens, et 1,531,429 kilogr. pour celles des indigènes, ces derniers se livrant exclusivement à la produc­tion des tabacs fins, chebli, krachna, etc. La campagne de 1871 navait donné que 1,587,948 kilogr.

Le prix des tabacs tend à remonter sensiblement. La moyenne qui était il y a quelques années de 65 fr., sest élevée en 1869 à 78 fr. 69, et pour les livraisons de Bône elle atteignait même 85 fr. La Régie paie les tabacs de l re , 2 e et 3 e qualité, 150, 120 et 90 fr., et les non marchands de 30 à 60 fr. Elle ne dépasse pas le prix de 160 fr. pour le surchoix ; aussi les qualités supérieures vont au commerce qui les achète à des taux plus éle­vés. Les ventes de tabac faites au commerce en 1872 sont évaluées par ladministration à 1,800,000 kilogr., ce qui porte la production générale de lAlgérie à 5 millions de kilogr. Onsattend à ce quelle ne restera pas , grâce à larrivée des colons alsaciens, fort experts dans cette culture.

Le rendement des tabacs fins, chebli et autres, est porté de 6 à 8 quintaux par hectare ; avec les tabacs philippin et autres de 10 à 12 quin­taux. Les frais de culture ont été estimés de 350 à 700 fr.