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DEUXIÈME GROUPE.

La variété Géorgie longue soie se cultive principalement dans le - dé­partement dOran, les conditions de climat et de sol lui sont propices. Dans les autres départements on préfère généralement le coton Louisiane courte-soie, comme plus rustique et demandant moins de soins.

Tous les terrains en Algérie, pas plus quen Amérique, ne sont propres à donner lespèce longue-soie. Ceux qui lui conviennent le mieux sont les plaines peu éloignées de la mer, formées dalluvions mélangées dar­gile, de sable et de débris organiques, et baignées par les effluves salines. Ces conditions se rencontrent dans les plaines du Sig, de lHabra et de la Mina (dép. dOran) ; dans celles du Chélif et de la Métidja, dép. dAlger, enfin dans celles du Saf-saf, de Bône et du Bou Merzoug, dép. de Cons- tantine. Il y a 500,000 hectares de terres susceptibles dêtre irriguées par des barrages, qui laissent un vaste champ ouvert au développement futur de la culture du coton. Mais pour que cet avenir se réalise promp­tement il est nécessaire quun nouvel élément vienne prendre part à cette production ; que la main-dœuvre indigène en un mot sapplique au tra­vail du coton comme elle la déjà fait avec avantage à celui du tabac. Son concours est encore plus utile dans le cas de la plante text^e, à cause des frais énormes quentraîne la cueillette.

Un exemple très louable dassociation des bras arabes aux capitaux européens, a commencé à se produire il y a quelques années dans larron­dissement de Bône; quatre ou cinq cents familles ont exécuté, en partici­pation avec un propriétaire français, des cultures de coton dont la récolte a été ensuite partagée daprès des conditions arrêtées à lavance. Les événements de 1871 retarderont malheureusement cette assimilation éco­nomique des deux races, mais elle est appelée à sétablir de plus en plus, à mesure que la constitution de la propriété privée parmi les indigènes jettera parmi eux les germes de linitiative et du progrès.

Le cotonnier donne en Algérie des rendements quon peut considérer comme très satisfaisants, étant donnée limperfection des procédés cul­turaux, surtout en ce qui concerne lemploi du fumier ou dengrais de commerce que le coton réclame impérieusement. On obtient de 6 à 12 quintaux de coton brut à lhectare et quelques planteurs ont récolté jus­quà 18 quintaux. Le produit net en coton oscille du quart au cinquième. Le prix payé à la culture varie suivant la qualité de 00 à 200 fr.le quintal brut. Les frais de culture, suivant différentes évaluations, varient de 400 à 600 fr. M. Grivel de lHabra, qui consacre une étendue de 70 à 80 hec­tares à cette culture et qui récolte en moyenne 12 quintaux â lhectare, déclare ses frais, dans lenquête Le Hon, sélever à 670 fr. y compris la fumure et la location de la terre.

Les principaux planteurs égrènent chez eux, mais des ateliers dégre­nage se sont installés sur tous les points du territoire la culture a pris pied. Les cotons sont envoyés, en soie, à Marseille et au Havre, ainsi