DEUXIEME GROUPE..

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et pour lequel elle na pas à craindre la concurrence des pays doutre­mer, car elle a pour elle lavantage du rapprochement.

Il faut conclure de cette situation, que lAlgérie doit sattacher à di­riger lespèce ovine vers une double spécialisation, celle de lengraisse­ment et celle de la laine. Ce problème nest pas irréalisable, la race indi­gène en est déjà une preuve, puisque la viande la plus fine provient des troupeaux du Sud qui fournissent aussi les qualités supérieures de laine. M. A. Sanson a dailleurs démontré récemment que, dans la racemérine, laptitude à la précocité, cest-à-dire à l'engraissement, se conciliait très- bien avec la production de la laine.

Il ressort de diverses appropriations du sol algérien que lon peut résumer ainsi : la production des laines longues et brillantes trouvera son terrain le mieux préparé dans louest de la colonie, et celle des laines courtes, fines et frisées dans lest et le centre; enfin dans lensemble du territoire, la région des hauts plateaux et du petit Sahara restera la ré­gion délevage par excellence, tandis que le Tell, entre les mains des colons européens, sera éminemment propre, par les réserves en fourrage quils sauront se créér, à lengraissement des moutons destinés à l'ex­portation et à la consommation locale.

La voie progressive poursuivie par les soins de ladministration appelle une impulsion nouvelle, La colonisation fait des vœux en faveur de lin­tervention des européens dans lindustrie pastorale à linstar de lorgani­sation australienne, et pour la création de ventes publiques de laines, qui contribueraient à affranchir lindigène de la part exorbitante qufil laisse entre les mains des intermédiaires auxquels il sadresse, en même temps quelles faciliteraient la répression de la fraude.

STATISTIQUE.

La population ovine est très-variable en Algérie, car telle est limpré­voyance (1) des Arabes quils ne sont jamais garantis contre les intem­péries des saisons, et quils subissent périodiquement des pertes énormes sur leurs troupeaux. Cest ainsi que lhiver rigoureux de 1856-1857 aurait fait périr plus de trois millions de moutons, et que la sécheresse persis­tante de 1866-1867 diminua de moitié la population ovine, que le recen­sement de 1865 avait porté à 6,675,000 têtes. Heureusement les vides sont bientôt réparés quand les années sont favorables, et ils le seraient en-

(]) Cette imprévoyance est démontrée par la différence considérable que présente le prix de la viande de mouton sur pied, du mois de janvier au mois de juillet. Les cours comparés de oes deux mois, au quimal métrique, étaient en à Alger, de (jO et 2 * francs; en 1803, de 70 et 30 francs; eu 1860, de 80 et 36 francs.