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DEUXIEME GROUPE.

l'appropriation au climat a été moins heureuse. A Orléansville, la race de Naz donne de très bons résultats. Pour compléter ces mesures, on charge tous les ans des vétérinaires de faire des tournées pour faire châtrer tous les béliers et les brebis de conformation vicieuse ou à laine inférieure. Enfin de nombreuses distributions de cisailles pour tondre la laine ont eu lieu à titre dencouragement, et leur emploi seul a augmenté la production et rendu les laines moins défectueuses.

Lélément européen, manquant despaces suffisants pour lélevage en grand du mouton, na coopéré que partiellement à ces efforts, Cependant il faut citer linitiative persévérante du propriétaire dArbal (dépar 1 dÜran), M. Du Pré de Saint-Maur, dont le troupeau mérinos a fourni des reproducteurs à tous les éleveurs du département. Après avoir essayé primitivement la race de la Crau, il lui a préféré la belle race créée par M. Godin, dans le Chàtillonnais. Elle a complètement réussi, malgré la chaleur et tout en vivant dans des conditions tout à fait rustiques. Aussi, après quinze ans dexpérience, M. Du Pré de Saint-Maur est-il autorisé à la recommander pour le croisement de la race arabe. On ne voit plus, dit-il, dans le troupeau dArbal (1,600 têtes) que des bêtes trapues, forte­ment culottées, très-larges de reins et dépaules, et couvertes de laine depuis le bout du nez jusquà lextrémité des pieds. Les moutons de deux ans pèsent en moyenne 55 kilogrammes. Le poids commun des toisons est de près de 4 kilogrammes. On sest attaché, à Arbal, à développer la longueur du brin plutôt que la finesse. Cest dailleurs une préoccupation qui répond aux besoins présents de lindustrie française.

Il y a lieu de se demander en effet, en présence de lenvahissement des marchés européens par les laines fines de lAustralie, du Cap et de la Plata, et de lavilissement des cours qui en est la conséquence, quelle direction doit suivre lAlgérie à légard du perfectionnement de sa race ovine. La production des laines fines qui semblait, il y a quelques années, lunique but à atteindre, est aujourdhui singulièrement discréditée. La fabrication qui emploie les laines de cardes, trouve à salimenter écono­miquement avec les provenances australiennes, et cest, au contraire, les laines de peigne quon demande. On les veut à longs brins et brillantes, bien nourries, plutôt grosses, car lindustrie sait en trouver un meilleur parti quautrefois. En outre, un autre fait est venu peser dans la balance, cest lexportation de plus en plus croissante du bétail algérien pour le Midi de la France, la consommation de la viande nest plus en rapport avec la production. Yoilà donc un débouché assuré pour notre colonie,

mérinos 4 fr. 59, de la brebis métis 4 fr. 08, et de la brebis indigène 2 fr. 13. Il semble donc que, dans ce même croisement, le mâle transmet une amélioration évi­dente de la laine, tandis que la femelle donne un peu plus de taille aux produits,