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DEUXIÈME GROUPE.

pas les Alpes australiennes, à lest de la province de Victoria, qui for­ment barrière contre les vents desséchants de l'intérieur.

On peut conclure de ces renseignements, quon a cru utile de donner ici en raison de leur intérêt dactualité, quen somme lEucalyptus ren­contre en Algérie les mêmes influences climatologiques, dans un ordre différent, mais séquilibrant à peu près; que cependant, par suite de la chaleur supérieure, il doit y éprouver un surcroît dactivité fonction­nelle dans le jeune âge, quatteste bien la merveilleuse rapidité de son accroissement, et que tout porte à croire plutôt supérieur à ce quil est dans son pays natal. Dautre part, la physiologie nous enseigne que cette condition nest pas de nature à lui permettre de prolonger son développement jusquaux dimensions de ces géants des forêts tasma- niennes ou australiennes; mais le mérite de cette essence nest pas seu­lement dans ces prodigieuses exceptions, et dût-elle borner son déve­loppement en Algérie à une hauteur de 40 mètres, que les services quelle est appelée à nous rendre nen seraient pas diminués.

Il faut aussi insister sur la convenance bien établie du gommier bleu pour les alluvions formées de la désagrégation des roches primitives, granit, feldspath, mica. Ces formations ne sont pas absolument en majorité en Algérie, et cette élection naturelle quon ne peut espérer modifier foncièrement réduira sans doute létendue des terres quon pourra lui consacrer. Peut-être trouvera-t-on dautres essences parmi les Eucalyptus et les Myrtacées australiennes, qui ne la partagent pas au même degré, mais limmense extension des formations primitives du continent austral ne promet rien de certain à cet égard.

L 'Eucalyptus globulus fut introduit en France en 1857 par M. Ramel. Dès lannée 1860 il était cultivé au jardin du Hamma (près dAlger), par M. Hardy, et bientôt après'par M. Cordier, à la Maison-Carrée, qui en 1864 tentait la première plantation en massif. Il fut suivi dans cette voie par M. Trottier, dHussein-Dey, dont lardente propagande en faveur de cet arbre gagna les plus indifférents, à tel point quen une seule année il trouvait le moyen de placer 80,000 plants deucalyptus, A lexposition de 1867, M. Hardy envoyait un tronc deucalyptus de sept ans, dont le magnifique développement excita ladmiration géné­rale et accrut le nombre des partisans de sa culture. La Société générale algérienne, à qui le gouvernement venait de céder le jardin du Hamma, neut garde de négliger la reproduction de cet arbre, afin dêtre en mesure de répondre aux demandes croissantes des colons. Elle fit elle- même des plantations sur une grande échelle dans les départements de Constantine et dOran. Le service des forêts, sous la direction de M. E. Lambert, entreprit, à la même époque, des essais sur les planta­tions en massifs et sur les semis en place, dont les résultats concluants