TROISIEME GROUPE.

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C. CORPS CltAS ET LEURS PROmillS.

§ I. HUILE DQLIVE.

Comme aux temps héroïques de la Grèce, lolivier reste encore larbre béni des contrées méditerranéennes, dont la résistance au climat et la durée, aussi bien que la valeur de son produit, constituent la véritable richesse des peuples. Cest par excellence « larbre impérissable et qui renaît sans cesse de lui-même », suivant lexpression de Sophocle {Œdipe à Colorie). Les dissensions humaines peuvent latteindre par le feu ou par le fer, mais il repousse du pied, et pour peu quon lui donne quelques soins le mal est bientôt réparé. Lolivier est certainement un des arbres les moins sujets à lalternat, et dans les contrées il na rien à crain­dre du froid, comme en Algérie, il sy rencontre en peuplements qui remontent pour certain à des siècles dexistence. On attribuait un millier dannées au tronc dolivier que notre colonie avait envoyé à lEx­position universelle de Paris en 1855.

Il paraît indigène en Algérie, car Diodore de Sicile en signale lexis­tence lors de lexpédition dAgathocle, environ 300 ans avant J.-C. Mais ce nest que sous les empereurs romains que la Numidie exporta des quantités dhuile assez élevées (environ un million de litres). La produc­tion totale devait être considérable, si lon en juge par la fréquence des débris danciennes huileries quon rencontre dans la province de Constan- tine. Sous la domination arabe, les Kabyles maintinrent en production leurs bois doliviers, mais sur la plus grande partie du pays ils étaient tout à fait à létat sauvage quand nous vînmes nous y établir.

La situation un peu écartée des peuplements doliviers, loccupation tardive de la Kabylie, ont trop longtemps détourné lattention des colons de la culture de cet arbre si utile; aussi comme le disait avec force lillus­tre agronome, M. de Gasparin, « si, depuis 17 ans, nos colons de lAlgé­rie avaient planté et soigné des oliviers au lieu de tenter des cultures im­possibles dans létat actuel, ils seraient riches aujourdhui. » La mise en concession des bois doliviers du bassin de la Seybouse a mieux fait com­prendre tout le parti quon pouvait tirer des 30,000 hectares peuplés de cette essence, et peu à peu toute cette étendue se transformera en oli­vettes productives. On greffe les oliviers sauvageons, en couronne pour les forts sujets, et en écussonpourlespluspetits. Ilfaut alors 6 à 9 ans pourque ces arbres se mettent complètement à fruits. La plantation par semis de­mande en Algérie 10 à 12 ans, avant de commencer àproduire sérieusement, mais lorsquon dispose de quelques pieds doliviers francs, il vaut mieux