TROISIEME GROTTE.
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le tout, tige et feuilles, à 10 c. au dessus de terre. L’essence s’obtient par distillation. En moyenne le rendement est un peu au dessus du millième. A la l re coupe, en mai, il faut 1,200 à 1,400 k. pour avoir un k. d’essence, tandis qu’en juillet il n’en faut plus que 800 k. pour obtenir le même résultat. On sait que l’essence de géranium rosat entre aujourd’hui dans la parfumerie et même dans la pharmacie à la place de l’essence de rose véritable, plus fine, mais incomparablement plus chère. Il y a 20 ans l’essence de géranium valait 250 fr. le kilog. elle est tombée aujourd’hui de 60 à 100 fr. pour la qualité algérienne.
Les arbres du genre Citrus fournissent une riche variété d’essences qui se distinguent entre elles, suivant qu’on les retire des fleurs ou de l’écorce du fruit et suivant l’espèce. Les produits les plus chers sont les nérolis obtenus des fleurs d’oranger amer (Citrus bigaradia ), ou bigarade, de celles du C. bergamia ou bergamotte de l’oranger doux ou Portugal, etc., mais leur rendement atteint à peine le millième, tandis que l’essence des écorces représente jusqu’à 2 et £ 1/2 p. 100 des fruits. Ilfaut signaler dans cette dernière classe l’essence de mandarine à l’odeur très suave, que la multiplication de cette espèce permet maintenant de préparer.
L’Algérie n’est pas encore en position de lutter avec la Turquie et la Provence pour la production de l’essence de roses ; cependant les Maures en retiraient une qualité qui n’était pas sans valeur, de la rose musquée indigène ( Rosa moschata, Pesf. en arabe Oueitrd Nesri) à fleur double et blanche. L’horticulture devrait s’en emparer pour augmenter le nombre de ses pétales, ainsi que dans la rose de Tunis, à coloration rosée et au parfum également musqué.
Le jasmin (jasminum grandiflorum, en arabe Yasmine) forme un arbrisseau qui n’a rien à craindre en Algérie des atteintes de la gelée, et dont les belles tiges droites peuvent servir, comme en Turquie, à faire des tuyaux de pipes. Les fleurs, dont l’odeur est si chère aux orientaux, servent à faire des guirlandes dont s’ornent les femmes mauresques dans leur intérieur, et elles en fixent le parfum en les mélangeant avec de l’huile dans des bouteilles qui restent exposées au soleil. C’est également par la méthode d’enfleurage que l’industrie européenne obtient le principe essentiel des fleurs de jasmin. Elle est aussi applicable aux fleurs de tubéreuse (Polyanthes tuberosa) 1 très communedans les jardinsde l’Algérie, et de la cassie ( Acacia ou Vachelia Farnesiana), que la culture a beaucoup répandu, et qui fournissent l’une et l’autre les parfums- les plus délicieux pour bouquets. Le jasmin et la cassie comme plantes arbustives de longue durée présentent plus d’avenir en Algérie, et la grande valeur de leurs fleurs compense davantage les frais de la cueillette.
Ces frais sont, en effet, plus lourds lorsqu’ils portent sur des feuilles, comme dans le cas de Y Eucalyptus globulus, dont l’essence trouve déjà diverses applications dans la parfumerie hygiénique, par ses propriétés