QUATRIÈME GROUPE.
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condition que tout le sucre soit parfaitement transformé, or on obtient bien moins ce résultat avec une fermentation tumultueuse qu’avec sa conduite plus lente. C’est évidemment dans ce but que M. Rivière de Crescia, avant d’enfutailler le moût de vin blanc, lui fait subir une fermentation rapide dans des cuviers ouverts à l’air. Il conserve les vins blancs ainsi préparés pendant trois ans, avant de les mettre en bouteilles.
La fabrication des vins rosés à courte fermentation trouvera matière à se développer en Algérie, mais il est bien entendu qu’on ne peut en attendre de bons produits qu’avec des cépages fins, dont le raisin soit sucré et riche en éléments aromatiques, et en ne négligeant pas la rafle. Les vins de paille, vins cuits, sont également appelés à fournir des produits de grande valeur, mais ils demandent pour leur préparation des installations ou un matériel dont on est encore loin de disposer. On se le procure peu à peu en raison des ressources que le travail créé à chacun.
Le rendement de la vigne en Algérie est très-variahle, par suite de la jeunesse des vignes, de la qualité des cépages, et de l’influence du sol. En général, il ne paraît pas inférieur à celui du midi de la France dans les plantations les mieux établies. Les bonnes qualités donnent de 30 à 50 hectolitres par hectare, et on y voit également des produits de 100 hectolitres et plus en plants communs. Le rapport est plus élevé dans le département de Constantine que dans celui d’Oran, qui est plus sec et dont les cépages sont plus fins. Les frais de culture s’élèvent de 150 à 400 fr. suivant la perfection du travail et qu’il s’exécute à la houe ou à la charrue. Le prix des vins ordinaires oscille de 25 à 35 fr. l’hectolitre. Il descend dans le département de Constantine à 20 centimes le litre au détail.
En résumé, l’industrie vinicole a fait de grands progrès en Algérie dans ces dernières années. La production des vins rouges qui était en arrière comme qualité sur celles des vins hlancs, s’est aussi beaucoup améliorée, et à l’Exposition de Lyon, en 1872, on a pu constater dans les échantillons envoyés une différence sensible par rapport à ceux de l’Exposition de 1867.
Statistique. La superficie occupée par la vigne «n Algérie qui était en 1858 de 4,374 hectares, en 1864 de 9,715 hectares, en 1866 de 11,430 hectares, et en 1867 de 12,267 hectares, atteignait en 1870 22,055 hectares. Sur cette étendue la part afférente aux indigènes est de 3 à 4,000 hectares. Une bonne partie de la production se consomme à l’état de raisins frais ou secs. C’est ce qui explique pourquoi la quantité de vins fabriquée ne s’élève en 1864 qu’à 64,000 hectolitres et en 1866 à 100,000 hectolitres. Il faut aussi tenir compte de la jeunesse des vignes dans l’appréciation du rendement. Enfin, comme il est à remarquer que