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QUATRIÈME GROUPE.

dérera encore par lintroduction et le pressage de la rafle, dont on mécon­naît trop le rôle en Algérie. Comme les vins vieillissent vite sous ce climat, il ny a pas à craindre dapporter un peu de tannin en excès.

A légard du cuvage, les autorités de loenologie sont daccordj pour reconnaître quil faut que le marc et le moût restent un certain temps en contact pour que celui-ci se pénètre des principes aromatiques qui consti­tuent le bouquet des vins, et à la dissolution desquels concourt active­ment la glycérine résultant de la fermentation elle-même. Jamais lon, nobtiendra de vins rouges, riches en bouquet, par un cuvage précipité de vingt-quatre heures. Ce sont les principes généraux, mais il est certain que rien nest plus difficile darriver à déterminer le temps de cuvage qui convient pour chaque nature de raisins (1). Lexpérience est ici le seul maître décisif. On doit aussi se pénétrer en Algérie de limpor­tance des matières tanniques et aromatiques pour régler la fermentation dans les pays chauds. Les Indiens lont appris depuis longtemps et mé­langent à leurs jus sucrés, dans cette intention, des écorces d 'Acacia leucoplilœa (J. Lépine). Cest par la présence en grande quantité de ma­tières aromatiques ajoutées à la dissolution concentrée des mélasses, quon est arrivé à la Jamaïque à obtenir une fermentation très-lente et quon produit par un rhum décidément supérieur à celui résultant de la fermentation rapide du jus de cannes.

Les vins de basse fermentation, cest-à-dire les vins blancs, les vins secs et de liqueurs, qui résultent du jus de raisin accomplissant son tra­vail de transformation du sucre en alcool dans des tonneaux, conviennent beaucoup mieux au climat de lAlgérie. Cest en effet à cette classe quap­partiennent les vins de Mascara, de Médéah et de Milianali, etc., qui se classent de mieux en mieux dans les diverses expositions ils ont figuré et qui deviendront un élément sérieux dexportation pour lAlgérie. Il y a aussi dans cette fabrication beaucoup à acquérir par les colons, de ces soins constants, de cette sollicitude réfléchie, qui donne aux produits de la Bourgogne, du Bordelais et de la Champagne leur éminente supé­riorité.

La fabrication des vins de liqueurs secs ou sucrés oblige forcément à avoir recours au vinage pour assurer la conservation des vins destinés à lexportation. Avec les vins blancs, cette garantie nest réalisée quà la

(1) Un des propriétaires qui ont ie mieux compris le traitement des vins rouges en Algérie est M. Rivière de Crescia. 11 ditavec raison que le principe sucré est lennemi le plus grand des vins dans les pays chauds. Il vendange son raisin bien mûr, laisse cuver au moins trois jours, et mélange la râpe au moût. Son vin soumis à plusieurs soutirages est de bonne conservation, évidemment parce que le sucre a eu le temps de se transformer en alcool, et que le vin a dissous assez de tannin et de principes aro­matiques.