CINQUIEME GROUPE.

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France. Lindustrie européenne sest également appliquée à imiter les étoffes employées par les Arabes, mais si elle les livre à meilleur mar­ché, il faut convenir quils nont pas toujours ni la qualité ni la durée des tissus indigènes. Les toiles dont ils se servent sont généralement de fabri­cation étrangère, à lexception dune toile grossière, mais très-solide, que tissent les Kabyles des districts de Bougie et de Djidjelli, et quils ven­dent à raison de 5 fr. 50 la pièce de 3 mèt. 50 de long sur 70 cent, de large.

Sous la tente, les femmes filent et tissent la laine des troupeaux pour en confectionner des burnous , des haïks , des freschias ou couvertures, des feridjis ou tissus pour tentes. Ces tissus sont faits en simple chaîne et en simple trame. Tout loutillage du métier consiste dans deux tra­verses en bois de 3 à 4 mètres de longueur, que lon fixe sur des piquets fichés en terre, et sur lune desquelles est enroulée la chaîne du tissu. Deux roseaux remplacent les deux parties du métier du tisserand euro­péen, dont le mouvement vertical alternatif divise la chaîne et livre pas­sage à la navette. En Algérie, au contraire, on nemploie pas de navette, ce sont les doigts de la tisseuse qui conduisent le fil de trame ; et, selon le genre de tissu , le battant de nos tisserands est remplacé par une es­pèce de peigne en fer ou en bois à cinq dents, au moyen duquel les fils de trame sont rapprochés les uns des autres. Les femmes parviennent à un remarquable degré de dextérité dans ce travail, et leurs étoffes le disputent aux tissus ouvrés par la machine pour la régularité, la sou­plesse et la durée.

Leurs étoffes de laine sont rarement en pièces et reçoivent immédiate­ment leur destination. Parmi les tissus qui ne sont pas dans ce cas, il faut noter un drap multicolore dassez belle qualité, et une autre étoffe rayée noir et blanc, dont la fabrication appartient aux Mzabites, qui sen font des qchabias, espèce de sarreau étroit et sans manches.

Chez les indigènes, lhabillement offre deux types assez tranchés sui­vant quil sagit de lhabitant des villes ou Maure ou de lArabe des tribus.

Les différentes pièces du costume des Maures sont : la chemise en ca­licot, kamidja, de fabrication française généralement, le large pantalon à plis, seroual, deux gilets bedaïa, sans manches et fermés^ un autre gilet, hebaïa, ouvert et flottant ; une veste, rlila, coupée à la hauteur de la taille et à manches étroites ; une large ceinture, hazem, en soie, laine ou cachemire. Ces vêtements sont en draps de couleurs sombres pour les jours ordinaires, de couleurs claires et voyantes pour les jours de*fête. Ils sont souvent brodés et soutachés.

La coiffure se compose dune calotte en laine blanche, cabouz, qui adhère fortement à la tête et par dessus laquelle on en place une seconde plus grande de laine rouge, chéchia , et autour de laquelle on enroule le turban, simple pièce de calicot, ou de mousseline brodée dor, ou de ca-