DEUXIEME GROUPE.

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Les laines de carde, courtes ou moyennes et frisées, provenant de toi­sons bien tassées, droites, onctueuses, qui correspondent au type mé­rinos, sont cependant les moins répandues en Algérie, et elles se trouvent surtout dans les départements de Constantine et dAlger. Les laines de peigne, longues, plus ou moins fines et brillantes, peu chargées de suint, et provenant dune toison mécheuse, sont les plus communes. La pro­portion des laines noires ou beiges est encore trop grande, malgré tout ce que lon a déjà fait pour les éliminer.

Il est bien connu que le mouton veut un air sec, une chaleur tempérée, une nourriture aromatique pas trop aqueuse, et quil redoute surtout lhumidité. La recherche de ces conditions a développé, en Algérie, la transhumance que pratiquent les 4/5 e des troupeaux. Ils demeurent pen­dant lété sur les hauts plateaux, qui conservent une végétation assez abondante, et lorsquarrive lhiver, ils descendent dans les plaines ver- ' doyantes et également salées des Oued Sahariens. Dans le Tell, les res­sources quoffrent les pâturages en été sont bien maigres, et si elles abondent au contraire après les pluies, les animaux, sans abri pendant les nuits, souffrent de la fraîcheur de la température et de lhumidité, et leur toison, tour à tour lavée pendant lhiver et brûlée pendant lété, acquiert cette sécheresse qui déprécie la qualité de la laine.

Depuis le gouvernement du maréchal Randon, et à son instigation première, de grands efforts ont été faits pour lamélioration de la race ovine. On a créé successivement plusieurs bergeries modèles ou dépôts de reproducteurs, pour faire la monte gratuitement dans les tribus. En 1857, on forma le troupeau de Laghouat, choisi par M. Bernis, lémi­nent vétérinaire, parmi les plus beaux types indigènes, auquel on adjoi­gnit plus tard des béliers mérinos. Cette création sest fondue dans léta­blissement de Ben Chicao, près Médéah, lon adopta définitivement, pour la reproduction, la race transhumante de la Crau (Bouches-du- Rhône), un peu basse de taille, mais bien membrée, à la toison fine et ondulée, et qui sest, depuis lors, répandue dans les tribus et y a déter­miné une grande amélioration des laines (1). La bergerie des Berroua- guia, près Boghar, fut dotée de béliers Rambouillet et Mauchamp, dont

(1) La Bergerie, de Ben Chicao, comptait au 31 décembre 1872, un troupeau de 379 tètes de race de la Crau, dont 34 béliers. On lui a adjoint quelques Rambouillet, en ce moment au nombre de 14 têtes dont 5 béliers.

Suivant M. L. Hérail (race de la Crau) le poids moyen des béliers est de 50 kilos ; celui des brebis mérinos 34 kilog. 4, et des brebis métis 36 kilog. La toison en suint du bélier mérinos pèse 3 kil., du bélier métis, 2 kil. 452; de la brebis mérinos 1 kil. 937 ; de la brebis croisée 1 kil. 987 ; enfin de la brebis indigène 1 kil. 164. Daprès les prix de vente des laines de Ben Chicao, à raison de 236 fr. le quintal pour la laine mérinos, 204 fr. pour la laine métis, et 183 fr. pour le 1 er choix indigène ; la valeur de la toison du bélier mérinos est île 7 fr. 12, du bélier métis o fr. 01, de la brebis