QUATRIÈME GROUPE.

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rue en plaine, mais pour les façons des coteaux on ne connaît pas assez les excellents instruments à âge coudé répandus aujourdhui en Bour­gogne. Comme ils sont très légers et quil sagit de terres déjà ameublies, il suffit pour les conduire dun mulet ou même dun âne un peu fort. On espace les lignes de 1 m. 50 à 2 mètres au plus, car on a reconnu lutilité de ne pas trop les écarter pour que le feuillage défende mieux les raisins de laction desséchante des vents du Sud.

Loïdium sest fait sentir aussi en Algérie, mais avec bien moins de persistance quen France. Les autres ennemis que le vigneron doit com­battre en Algérie sont, le chiendent, pour qui le climat est non moins favorable, et parmi les insectes, laltise, que lon réussit mieux à détruire que les sauterelles, dont le nombre laisse parfois lhomme impuissant.

Les vendanges se font depuis la fin daoût jusquà la fin de septembre suivant lélévation des lieux et les plants. Les raisins de treille sont plus précoces et lon en voit sur les marchés dès le commencement de juillet. Les vignes indigènes présentent assez fréquemment le phénomène des récoltes double et triple. La plupart ont la peau dure, mais quelques-uns se font remarquer par la finesse de leur enveloppe, par la douceur et le parfum de leur pulpe (raisin de Dellys, de Mascara, variétés Ferrana et Kourchi de Tlemcen.) Cest dans ces dernières quon observe lavortement des pépins, caractère qui semble appartenir particulièrement aux raisins des pays chauds (îles Ionniennes, Perse, Tbibet).

Le travail du vin trouve en Algérie son plus grand obstacle dans lélé­vation de la température, qui oscille entre 22 à 28° à lépoque des ven­danges. Il sen suit que la fermentation, au lieu dêtre lente à se dévelop­per comme en France, est sujette à marcher ici beaucoup trop vite. On est conduit par à réduire la durée du cuvage pour éviter lacétification du marc, avant que tout le sucre ait été converti en alcool et que le moût se soit pénétré des principes qui assurent la durée du vin. Aussi beau­coup de vins rouges algériens sont-ils sujets à tourner à laigre, restent louches et manquent de corps.

La théorie de la vinification indique que le meilleur moyen darriver à faire en Algérie des vins rouges, de haute fermentation, est de se placer à labri de la grande chaleur, cest-à-dire dans des celliers frais, exposés au nord, et mieux encore dans des caves. Lavantage qu J il peut y avoir à vendanger de bonne heure résulte de la composition du raisin que lon traite ; on se propose en effet par cette pratique dapporter dans le moût plus de tannin, dont la présence est nécessaire à la bonne conservation du vin, et qui est en outre le modérateur le plus énergique de la fermen­tation. Elle est donc dautant plus indiquée que celle-ci est trop rapide. Cependant on doit toujours chercher à cueillir au moment le raisin a acquis toute sa finesse, toute sa saveur. En opérant à une température plus fraîche on craindra moins la fermentation tumultueuse et on la mo-